
Bureau de vote à Barakani où l'on a voté dans le calme
Au-delà du nom du prochain président de l'Union des Comores, la grande question concernant ce scrutin résidait dans la capacité du pays à organiser des élections transparentes et sans taches. Il semblerait que ce ne soit pas encore le cas cette fois-ci.
Il est 16h00 et les échos que nous recevons des différents bureaux de vote d'Anjouan ne prédisent rien de bon. «Les élections sont entachées de fraudes.» Cette phrase est lâchée par un membre du Comité de Vigilance et de Transparence que Malango a rencontré à l'entrée du portail de l'école primaire de Mirontsy, hermétiquement gardé par des éléments armés de la gendarmerie, qui filtrent les électeurs « pour prévenir d'éventuels troubles », nous confie l'un d'eux.
Ce n'est cependant pas le sens que la foule, qui rôde dans les parages, donne à ce « barrage express », destiné selon elle à « entretenir les pratiques frauduleuses ».
Dans la matinée, les observateurs de la ligue arabe ont été témoin d'un cas généralisé de fraude dans cette localité voisine de Mutsamudu. Dans presque tous les bureaux de cette ville, les listes étaient déjà « pré-cochées ». Ce qui veut dire qu'à 8h00 du matin, une grande partie de l'électorat mirontsien avait déjà voté sans s'être présenté devant l'urne. « Incroyable ! », nous dira Karim, un électeur de Mirontsy I. « Dès l'ouverture de ce bureau, j'y étais avec des amis et on a compté moins de 20 votants. Et pourtant, sur la liste d'émargement, on avait déjà coché plus de 150 inscrits. » Ce constat a été fait dans tous les bureaux de Mirontsy. L'opposition voit la main du pouvoir, qui avait pris le soin de désigner, à quelques jours du scrutin, comme présidents et secrétaires des bureaux des partisans de la mouvance présidentielle dans les bureaux des circonscriptions acquises à l'opposition.
Ce n'est cependant pas le sens que la foule, qui rôde dans les parages, donne à ce « barrage express », destiné selon elle à « entretenir les pratiques frauduleuses ».
Dans la matinée, les observateurs de la ligue arabe ont été témoin d'un cas généralisé de fraude dans cette localité voisine de Mutsamudu. Dans presque tous les bureaux de cette ville, les listes étaient déjà « pré-cochées ». Ce qui veut dire qu'à 8h00 du matin, une grande partie de l'électorat mirontsien avait déjà voté sans s'être présenté devant l'urne. « Incroyable ! », nous dira Karim, un électeur de Mirontsy I. « Dès l'ouverture de ce bureau, j'y étais avec des amis et on a compté moins de 20 votants. Et pourtant, sur la liste d'émargement, on avait déjà coché plus de 150 inscrits. » Ce constat a été fait dans tous les bureaux de Mirontsy. L'opposition voit la main du pouvoir, qui avait pris le soin de désigner, à quelques jours du scrutin, comme présidents et secrétaires des bureaux des partisans de la mouvance présidentielle dans les bureaux des circonscriptions acquises à l'opposition.
C'est aussi le cas à Moya.
A Moya, un membre du Comité de Vigilance et de Transparence des Elections,
organe mis en place le Programme des Nations Unies pour le Développement, fait état d'un bourrage massif dès le début des opérations électorales. « J'ai failli être arrêté à Moya par les forces de l'ordre qui ne voulaient pas que je fasse mon travail. Un officier responsable de la sécurité du scrutin dans la région a même saisi mon téléphone portable où j'avais stocké des photos compromettantes pour eux, car ce sont ces gendarmes qui orchestraient ces bourrages. Il a effacé mes photos malgré le badge et le papier officiel qui attestent que je suis membre du Comité de vigilance et que mon devoir était de fournir des preuves sur tout incident que nous rencontrons sur le terrain. » Mohamed Nadhoiri, car il s'agit de lui, dit avoir fui Moya avec son collègue pour rentrer à Mutsamudu car selon lui « notre sécurité était menacée par ceux-là même qui devaient assurer notre sécurité. »

Même son de cloche à Hajoho dans la région de Bambao Mtsanga et à Mremani dans le Nyumakele.
Ces cas de fraude qui ont été rapportés par nos informateurs dans toutes les régions d'Anjouan ne représentent qu'une partie des cas d'irrégularités.
A moins de deux heures de la fermeture des bureaux de vote, on ne sait qui remportera ce scrutin. Quelle sera la position des observateurs internationaux qui sont en nombre sur le terrain? Car si à Grande Comore et à Mohéli, le scrutin semble s'être déroulé sans incident majeur, à Anjouan le scrutin est émaillé de fraudes massives, chaque camps accusant l'autre de tricher, comme il se doit.
A moins de deux heures de la fermeture des bureaux de vote, on ne sait qui remportera ce scrutin. Quelle sera la position des observateurs internationaux qui sont en nombre sur le terrain? Car si à Grande Comore et à Mohéli, le scrutin semble s'être déroulé sans incident majeur, à Anjouan le scrutin est émaillé de fraudes massives, chaque camps accusant l'autre de tricher, comme il se doit.

tonny, Posté le lundi 27 décembre 2010 17:19
24/12/2010 - Région : Anjouan - le colonel Saïd Abeid en prison
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"Je suis l’otage du pouvoir"
Candidat aux élections pour le poste de gouverneur de l’île autonome d’Anjouan, un colonel retraité de l’armée française se morfond en prison.
Ce dimanche 26 décembre, les électeurs comoriens sont appelés aux urnes pour le scrutin de la présidence tournante de l’Union des Comores et le scrutin des gouverneurs dans les îles autonomes. L’opposition au candidat du pouvoir, poulain du chef de l’Etat en exercice, Ahmed Abdallah Sambi, exclut de la course par la limitation du mandat présidentiel, s’inquiète de la tournure des événements.
D’abord, de l’annonce de la Commission électorale nationale et indépendante (Ceni), selon laquelle les élections pourraient être reportées faute de financement : le gouvernement doit débourser 104 millions de francs comoriens pour la tenue du scrutin. Aux dernières nouvelles, les électeurs iront bien aux urnes.
Mais les partis d’opposition ont une autre hantise : les forces de sécurité seront présentes à proximité des bureaux de vote, elles risquent de s’immiscer dans le processus, et porter atteinte à la neutralité et à la sincérité du vote, comme au premier tour des scrutins, où ont été constatées, notamment à Anjouan, des patrouilles abusives des militaires et des manœuvres d’intimidation propices à un "climat de terreur". Toujours selon l’opposition, le président Sambi, dont le mandat est théoriquement échu au regard de la constitution de l’Union, utiliserait la force armée pour favoriser son candidat et proroger son mandat par procuration.
Un scénario à l’ivoirienne ? Sambi sous les habits de Gbagbo ? Cela y ressemble un peu, toute proportion gardée. Il est vrai que les dirigeants comoriens ont l’habitude des mascarades électorales, du climat de guerre civile pour cause de velléités séparatistes, de conflit de compétences entre les îles et le pouvoir central, d’ostracisme envers les candidats issus des îles minoritaires en termes de populations.
En tout cas, sur ces scrutins qui ont l’apparence de la transparence, qui maintiennent l’illusion de la démocratie, il en est un qui est interdit de briguer un mandat, qui ne participera pas non plus au vote, ayant été pratiquement déchu de la citoyenneté comorienne et de ses droits civiques.
Arrêté de nuit à son domicile, devant sa famille, et emprisonné depuis 22 jours, le colonel retraité de l’armée française, Saïd Abeid, se morfond, à 70 ans, dans une prison à Anjouan, pour une sombre affaire de mœurs. "Le pouvoir central à Moroni prend prétexte d’une affaire jugée à Paris, et qui a abouti à une relaxe pure et simple, pour me priver de ma liberté. Je suis l’otage du pouvoir", confiait mercredi l’officier embastillé.
Cet ancien gendarme français craint que son enfermement ne s’éternise, la justice ayant jugé opportun de repousser l’audience prévue cette semaine au tribunal à une date indéterminée. Le jeune avocat qui le représente ne pèse pas bien lourd face à la machination qui risque d’aboutir à un procès sommaire. Les conditions de détention du colonel Abeid indignent ses proches. "Le dossier d’accusation est vide. Les éléments à charge ont été fabriqués de toutes pièces", déclarait son fils, de passage à Mayotte après une brève visite au cachot infect où est enfermé son père.
Candidat au poste de gouverneur
L’ancien leader du mouvement séparatiste anjouanais risque de répondre d’exactions supposées commises il y a plusieurs années, à l’époque où il exerçait la fonction de coordinateur du Mouvement populaire anjouanais (MPA), puis de président de l’Etat autoproclamé indépendant d’Anjouan.
Devant les amalgames sur les accusations qui ont précipité son emprisonnement, ses partisans rappellent que Saïd Abeid est un "démocrate et un patriote". Pour preuve, il est l’un des artisans des négociations ayant conduit, au tournant de l’an 2000, à l’Accord de Foumboni, qui a permis le vote favorable à la constitution actuelle de l’Union des Comores avec la présidence tournante.
Candidat aux élections pour le poste de gouverneur de l’île autonome d’Anjouan, Abeid aurait vu son dossier recalé, au motif qu’il n’était pas conforme. "Les autorités ont subtilisé un élément du dossier, son casier judiciaire. Ils l’ont falsifié et remis dans le circuit. On lui reproche également d’avoir soutenu un candidat de l’opposition, en lice pour l’élection à la présidence tournante de l’Union, en l’occurrence le Mohélien Saïd Mohamed Fazul. C’est un prisonnier politique", dénonce son fils.
Après lui avoir rendu visite, celui-ci, de retour à Paris, souhaite que l’ambassade de France aux Comores se préoccupe du sort d’un citoyen jouissant de la double nationalité franco-comorienne, séquestré injustement.
Source : Mayotte Hebdo