
Ce dimanche 18 septembre 2011, un jeune détenu est décédé á la prison de Moroni à la suite d'une maladie. Ce décès rappelle encoure une fois les conditions de détention inhumaines de nos détenus en violation des engagements internationaux du pays.
Il y a deux ans, le 17 aout 2009 plus exactement, nous avions visité cette maison d'arrêt de Moroni. A l'époque, lors de notre visite, il y avait 150 détenus (hommes, femmes et mineurs) selon le Procureur de la République. Les détenus étaient répartis et entassées dans deux quartiers situés côte à côte et dotés d'entrées distinctes.
Au cours de cette visite, nous sommes passés dans le quartier « VIP » ou étaient incarcérés les responsables de l'exécutif l'île autonome de Ngazidja. Ces dirigeants, notamment des Ministres de l'île dormaient á même le sol dans un local d'à peine 16 m2 et faisaient leurs besoins le soir dans un petit sceau placé á l'entrée. A la sortie de ce quartier « VIP » nous avions croisé l'ancien Ministre de l'île chargé de la production qui était hospitalisé à l'Hôpital El Maarouf. Il nous a fait savoir que suite à des pressions politiques on lui a fait sortir de l'hôpital contre l' avis des médecins pour lui faire revenir en prison.
La Maison d'Arrêt de Moroni est située á Moroni á côté du camp de la gendarmerie á l'entrée du quartier de Dawedjou. Depuis plusieurs années, les taches de gardiennage de cet bâtiment vétuste sont assurées par une société privée SECURICOM. Cette société, assure la surveillance de la maison d'arrêt 24h sur 24. Elle a un contrat avec le Ministère de la Justice et sa rémunération mensuelle est de 5 millions de Fc. La responsabilité de la maison d'arrêt est assurée par un Gardien en chef assisté d'agents pénitentiaires recrutés au sein de la police.
La Maison d'arrêt comporte deux quartiers situés côte à côte et dotés de deux entrées distinctes. Le premier quartier est réservé aux détenus dangereux condamnés pour crimes ou délits. Il comporte trois chambres repartis entre les personnes âgées et des jeunes dont quelques mineurs, mélangés avec des adultes. A l'entrée de ce quartier se trouvent les cachots exigus á l'odeur nauséabonde qui ne disposent pas de fenêtres. Ce quartier comporte deux « toilettes » dont l'une est impraticable. Plusieurs détenus utilisent des sachets pour faire leurs besoins le soir et ces sachets sont empilés dans un coin qui jouxte l'unique espace des jeux dont le panneau de basket a été cassé. L'autre quartier comporte les détenus les moins dangereux avec à l'intérieur de la cour une mosquée construite récemment. Juste à côté, avec une entrée distincte, un petit local qui sert de cellule les détenus VIP. Au bout de la prison, se trouve le quartier pour femme qui comporte une seule pièce et des toilettes non éclairées. Tous ces bâtiments sont en état de délabrement total avec des fuites d'eau partout qui fragilisent les fondations et les toitures de ces bâtiments construits avec de la chaux et du sable de mer. La maison d'arrêt ne dispose pas de parloir. Les détenus se tiennent debout á l'entrée des quartiers, derrières les grillages pour les visites rituelles.
Nous mangeons des ailes de poulet avariées, nous sommes victimes de viol, nous ne disposons d'aucune structure de réinsertion, nous sommes malades...tels sont en résumé les propos entendus au sein de la maison d'arrêt de Moroni ce lundi 17 aout 2009. Ces propos sont essentiellement tenus par des prisonniers qui certes reconnaissent leurs tords mais demandent qu'on leur accorde une autre chance pour leur insertion. La population carcérale de Moroni est essentiellement jeune et masculine.
Un ami magistrat, nous avait confié que les juges d'instructions visitent rarement les prisons et il est persuadé qu'ils n'enverraient personne dans ces prisons s'ils découvrent les conditions dans lesquelles, les détenus sont incarcérés. Ces derniers sont entassés par dizaine sur des locaux non aérés et dorment á même le sol. Notre visite a été une occasion pour ces détenus de se livrer et de soumettre leurs doléances. Ils ont insisté sur leurs conditions d'hygiène déplorables et les maladies qui se développent au sein des détenus. Ils nous ont montré un jeune malade enveloppé dans son drap entrain d'agoniser faute de soins médicaux. Des fortes convulsions le secouent tous les 10 minutes et nécessitent l'intervenions de plusieurs détenus pour le maitriser. Sa famille contactée pour le soigner ne s'est pas toujours manifestée. Un jeune nous a montré son corps et ses parties intimes dévorés par une étrange maladie de la peau. Dans nos prisons, l'alimentation et les soins des détenus sont á la charge des familles. D'ailleurs, notre visite a coïncidé avec l'heure de la prise de l'unique repas quotidien, le déjeuner, du riz et une sauce d'ailes de poulet, avariées selon certains détenus. Pour les plus chanceux d'entre eux, ils prennent le déjeuner livré par les familles.
La visite de la maison d'arrêt de Moroni nous a fait découvrir les conditions de vie difficiles et inhumaines de nos prisonniers, le délabrement total de cette prison communément baptisée « Le Moroni 2 » en référence à cet hôtel de référence de la capitale. La maison d'arrêt de Moroni est indigne de la République, une honte pour notre pays et une insulte pour notre conscience collective.
Source comores droit
Il y a deux ans, le 17 aout 2009 plus exactement, nous avions visité cette maison d'arrêt de Moroni. A l'époque, lors de notre visite, il y avait 150 détenus (hommes, femmes et mineurs) selon le Procureur de la République. Les détenus étaient répartis et entassées dans deux quartiers situés côte à côte et dotés d'entrées distinctes.
Au cours de cette visite, nous sommes passés dans le quartier « VIP » ou étaient incarcérés les responsables de l'exécutif l'île autonome de Ngazidja. Ces dirigeants, notamment des Ministres de l'île dormaient á même le sol dans un local d'à peine 16 m2 et faisaient leurs besoins le soir dans un petit sceau placé á l'entrée. A la sortie de ce quartier « VIP » nous avions croisé l'ancien Ministre de l'île chargé de la production qui était hospitalisé à l'Hôpital El Maarouf. Il nous a fait savoir que suite à des pressions politiques on lui a fait sortir de l'hôpital contre l' avis des médecins pour lui faire revenir en prison.
La Maison d'Arrêt de Moroni est située á Moroni á côté du camp de la gendarmerie á l'entrée du quartier de Dawedjou. Depuis plusieurs années, les taches de gardiennage de cet bâtiment vétuste sont assurées par une société privée SECURICOM. Cette société, assure la surveillance de la maison d'arrêt 24h sur 24. Elle a un contrat avec le Ministère de la Justice et sa rémunération mensuelle est de 5 millions de Fc. La responsabilité de la maison d'arrêt est assurée par un Gardien en chef assisté d'agents pénitentiaires recrutés au sein de la police.
La Maison d'arrêt comporte deux quartiers situés côte à côte et dotés de deux entrées distinctes. Le premier quartier est réservé aux détenus dangereux condamnés pour crimes ou délits. Il comporte trois chambres repartis entre les personnes âgées et des jeunes dont quelques mineurs, mélangés avec des adultes. A l'entrée de ce quartier se trouvent les cachots exigus á l'odeur nauséabonde qui ne disposent pas de fenêtres. Ce quartier comporte deux « toilettes » dont l'une est impraticable. Plusieurs détenus utilisent des sachets pour faire leurs besoins le soir et ces sachets sont empilés dans un coin qui jouxte l'unique espace des jeux dont le panneau de basket a été cassé. L'autre quartier comporte les détenus les moins dangereux avec à l'intérieur de la cour une mosquée construite récemment. Juste à côté, avec une entrée distincte, un petit local qui sert de cellule les détenus VIP. Au bout de la prison, se trouve le quartier pour femme qui comporte une seule pièce et des toilettes non éclairées. Tous ces bâtiments sont en état de délabrement total avec des fuites d'eau partout qui fragilisent les fondations et les toitures de ces bâtiments construits avec de la chaux et du sable de mer. La maison d'arrêt ne dispose pas de parloir. Les détenus se tiennent debout á l'entrée des quartiers, derrières les grillages pour les visites rituelles.
Nous mangeons des ailes de poulet avariées, nous sommes victimes de viol, nous ne disposons d'aucune structure de réinsertion, nous sommes malades...tels sont en résumé les propos entendus au sein de la maison d'arrêt de Moroni ce lundi 17 aout 2009. Ces propos sont essentiellement tenus par des prisonniers qui certes reconnaissent leurs tords mais demandent qu'on leur accorde une autre chance pour leur insertion. La population carcérale de Moroni est essentiellement jeune et masculine.
Un ami magistrat, nous avait confié que les juges d'instructions visitent rarement les prisons et il est persuadé qu'ils n'enverraient personne dans ces prisons s'ils découvrent les conditions dans lesquelles, les détenus sont incarcérés. Ces derniers sont entassés par dizaine sur des locaux non aérés et dorment á même le sol. Notre visite a été une occasion pour ces détenus de se livrer et de soumettre leurs doléances. Ils ont insisté sur leurs conditions d'hygiène déplorables et les maladies qui se développent au sein des détenus. Ils nous ont montré un jeune malade enveloppé dans son drap entrain d'agoniser faute de soins médicaux. Des fortes convulsions le secouent tous les 10 minutes et nécessitent l'intervenions de plusieurs détenus pour le maitriser. Sa famille contactée pour le soigner ne s'est pas toujours manifestée. Un jeune nous a montré son corps et ses parties intimes dévorés par une étrange maladie de la peau. Dans nos prisons, l'alimentation et les soins des détenus sont á la charge des familles. D'ailleurs, notre visite a coïncidé avec l'heure de la prise de l'unique repas quotidien, le déjeuner, du riz et une sauce d'ailes de poulet, avariées selon certains détenus. Pour les plus chanceux d'entre eux, ils prennent le déjeuner livré par les familles.
La visite de la maison d'arrêt de Moroni nous a fait découvrir les conditions de vie difficiles et inhumaines de nos prisonniers, le délabrement total de cette prison communément baptisée « Le Moroni 2 » en référence à cet hôtel de référence de la capitale. La maison d'arrêt de Moroni est indigne de la République, une honte pour notre pays et une insulte pour notre conscience collective.
Madame-d-Artois, Posté le jeudi 22 septembre 2011 19:38
C'est juste effarant ! Je ne trouve pas de mots ! Effarant !