
Le document de stratégie de lutte contre la corruption est le fruit d'un long processus engagé par la Commission Nationale de prévention et de Lutte contre la Corruption, avec l'appui des experts de la Commission Européenne. Un atelier de travail sur le plan stratégique national de lutte contre la corruption, a été organisé le 17 mai 2012 à Moroni. Cet atelier avait vu la participation de plusieurs hauts fonctionnaires de l'Etat, des magistrats, des responsables des medias, des opérateurs économiques, et des représentants des organisations de la société civile. Les participants avaient pour mission d'établir un diagnostic stratégique du plan stratégique national de lutte contre la corruption, de formuler des objectifs stratégiques des secteurs, de prioriser les objectifs, d'identifier des axes stratégiques de lutte contre la corruption et des priorités les actions stratégiques et d'élaborer des cadres logiques sectoriels. Les axes stratégiques présentés aux participants de l'atelier étaient notamment, le démantèlement les remparts de la corruption, l'atténuation de la vulnérabilité des agents de l'Etat, la réduction des risques de corruption et la promotion de la culture du refus de la corruption. Les résultats des travaux de cet atelier constituent le contenu du document de stratégie de lutte contre la corruption remis ce 13 septembe au Président de l'Union des Comores.
Ce dernier a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille epuis sa prise de fonction le 26 mai 2011. Il a promulgué la loi N° 08-013/AU du 25 juillet 2008 relative à la transparence des activités publique, économique, financière et sociale de l'Union des Comores et amis en place Commission Nationale de prévention et de Lutte contre la Corruption. Cependant depuis sa mise en place, cette commission fait du sur place et les pratiques de corruption ne cessent d'augmenter.
Les textes en vigueur qui peuvent contribuer à la lutte contre la corruption, notamment, la loi sur les sociétés à capitaux publics et les établissements publics et le code des marchés publics ne sont pas respectés par les plus hautes autorités de l'Etat. Les conseils d'administration des sociétés d'état qui devraient en principe nommer les Directeurs Généraux de ces sociétés ne sont pas renouvelés. Les marchés publics continuent d'être négociés dans l'opacité entre amis.
Le rapport annuel sur la corruption de l'ONG Transpareny International publié le 26 octobre 2010 a fait ressortir que les Comores demeurent le pays le plus corrompu de la région de l'océan indien. Sur les 178 pays étudiés, les Comores arrivent en 154 e position loin derrière l'île Maurice (39 e), les Seychelles (49 e), la Tanzanie (116 e), la Mozambique (116) et Madagascar (122 e). Ce classement devra interpeller la conscience des hautes autorités de l'Etat, car la corruption demeure la grande endémie des Comores. En 37 ans d'indépendance, le développement de ce pays a été plombé par la corruption qui gangrène toute la société. Les « corrompus » pavoisent ici et là et continuent à occuper les plus hautes fonctions de l'état. Ces individus malheureusement sont adulés et élus par la société, car ils sont considérés comme « intelligents » et « généreux » pour leur capacité à « répartir des gains » de leur forfaiture. On ne le dira jamais assez, la corruption coûte à la collectivité des milliards de francs et entrave le chemin vers une croissance économique durable.
Les Comores sont malades et le pays est condamné à mettre de l'ordre dans la gestion de ses affaires publiques et à engager une lutte implacable contre la corruption. Les textes réprimant la corruption existent dans notre législation, il suffit de les appliquer.
Il est temps de sortir de la langue de bois et de siffler la fin de la recréation Monsieur le Président. La justice doit sévir.
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